Les grands orchestres de tango, influences de style, et musiciens les plus marquants

Les grands orchestres de tango ont quasiment toujours été l'affaire d'une vie et souvent d'un seul homme. Un tableau réalisé par L'Academia Nacional del Tango de Buenos Aires, résume les grandes lignes et influences de ces grands musiciens.

Lors de mes voyages, j'avait pris quelques photos, certes guère exploitables, mais après  un petit (!) travail de reconstitution...

Cliquez sur l'image du tableau, ci-dessous,  pour l'agrandir

histoire du tango grands orchestres

Ci-dessous quelques résumés de la vie de ces grands musiciens dont le style a marqué l'histoire du tango, classés à gauche, première colonne descendante puis seconde dans l'ordre sensiblement chronologique du tableau.

Partie 1

Partie 2

 

Par ordre alphabétique

  Enrique Pedro Delfino   Jose Basso     Balcarce, Emilio   Láurenz,  Pedro
  Osvaldo Fresedo   Alfredo Gobbi     Basso, Jose   Lomuto,  Francisco
  Roberto Firpo   Osvaldo Pugliese     Biagi, Rodolfo   Maderna, Osmar
  Francisco Canaro   Emilio Balcarce     Calo, Miguel   Maffia, Pedro
  Juan Carlos Cobian   Domingo Federico     Canaro,  Francisco   Mancione, Alberto
  Francisco Lomuto   Rodolfo Biagi     Cobian,  Juan Carlos   Marcucci, Alfredo
  Julio de Caro   Horacio Salgán     D'Agostino, Angel Mederos, Rodolfo
  Miguel Calo   Florindo Sassone     D'Arienzo, Juan   Mores, Mariano
  Pedro Láurenz   Astor Piazzolla     De Angelis, Alfredo   Piazzolla, Astor
  Pedro Maffia   Hector Varela     De Caro,  Julio   Pugliese, Osvaldo
  Juan de Dios Filiberto   Mariano Mores     Delfino, Enrique Pedro   Quinteto Real
  Alfredo Marcucci   Alberto Mancione     Lucio Demare   Racciatti, Donato
  Juan d'Arienzo   Donato Racciatti     Di Sarli, Carlos Salamanca, Fulvio
  Ricardo Tanturi   Osmar Maderna     Donato, Edgardo   Salgán, Horacio
  Edgardo Donato   Atilio Stampone     Federico, Domingo   Sassone, Florindo
  Angel d'Agostino   Quinteto Real   Federico, Leopoldo Sexteto Major
  Alfredo de Angelis Fulvio Salamanca     Filiberto, Juan de Dios Sexteto Tango
  Carlos di Sarli Leopoldo Federico     Firpo, Roberto   Stampone, Atilio
  Lucio Demare Rodolfo Mederos     Fresedo, Osvaldo   Tanturi, Ricardo
  Anibal Troilo Sexteto Tango     Gobbi, Alfredo   Troilo, Anibal
  Orlando Goni Sexteto Major     Goni, Orlando   Varela, Hector

Ce ne sont que de petits résumés, pour des informations plus complètes et plus précises, sur ces orchestres ou d'autres musiciens, n'hésitez pas à nous contacter, grosse bibliothèque à votre service : contact (arobase) el-ingeniero.fr

Et pour parcourir une discographie générale également résumée, mais permettant d'écouter quelques morceaux : cliquez ici

Enrique Pedro Delfino

histoire du tango enrique pedro delfino

Enrique Pedro Delfino ( Buenos Aires , 15 novembre 1895 - Buenos Aires , 10 janvier 1967 ) : compositeur de tango, pianiste , chef d'orchestre et parolier.

Il a écrit plus de deux cents tangos, dont Re Fa Si , Milonguita , Haragán , La copa del olvido , Ventanita florida et Al pie de la Santa Cruz.

Il a été un des pionniers du Tango Romanza, en compagnie de Carlos Cobian, ce style de tango qui va puiser son inspiration dans les vieilles légendes et les vieux romans.

Tout jeune il est envoyé par ses parents étudier la musique à Turin. il lui en restera, outre une solide formation musicale, un gout prononcé pour l'Opéra. De retour à Buenos Aires, à dix-sept ans, il s'enfuit à Montevideo vivre une vie de bohème et de musicien. il y composera plusieurs tango, dont les célèbres "Belgica", "Re-Fa-Si", "Sans-soucis" dont l'interprétation de Michel Calo est restée particulièrement populaire.

Deux ans plus tard, il revient à Buenos Aires, puis part aux Etats-Unis où il enregistre plusieurs tangos dont Milonguita

         

C'est avec ce morceau qu'en 1920, il crée une petite révolution, en réduisant la structure des tangos en deux parties, l'une instrumentale, l'autre chantée, composant la première œuvre de ce style. Les autres compositeurs adoptèrent ultérieurement cette structure pour leurs tangos. Sa place dans ce tableau se justifie en partie ainsi, mais également par l'influence en matière de style sur Cobián, de Caro et ceux qui l'ont suivi (voir tableau en début de page).

C'est également en 1920, sous l'impulsion et l'égide du label RCA, qu'il forme avec Osvaldo Fresedo comme bandéoniste, et Tito Roccatagliata au violon la Orquesta Tipica Select avec lequel il enregistra 52 titres ches RCA Victor.

Il écrivit plusieurs musiques de film (Los tres Berretines, par exemple), et Carlos Gardel enregistra vingt-six de ses chansons. C'est ensemble qu'ils collaboreront, lors d'un séjour à Paris au film Las Luces de Buenos Aires.

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Osvaldo Fresedo

histoire du tango osvaldo fresedo

Osvaldo Fresedo (Buenos Aires 05/05/1897 - Buenos Aires 18/11/1984) - Bandonéoniste, chef d'orchestre et compositeur, il fit une des plus longues carrières des musiciens de tango, avec plus de 1200 enregistrements.

Issu d'une famille aisée, il est destiné aux métiers du commerce, mais très tôt, à 16 ans, avec son frère et un autre jeune, il commence à jouer dans les cafés et à se faire connaitre sous le surnom del "Pibe de la Paternal".

Un an plus tard, en 1914, il compose son premier tango, El Espiante, inspiré par le son des sirènes de police...

En 1924, participant au célèbre Bal de l'Internat des étudiants en médecine, il compose un tango qui deviendra un classique : El Once. Pendant cette décennie, il va aller jusqu'à créer quatre orchestres, l'un d'eux étant dirigé par Carlos Di Sarli.

Plus tard dans les années 30,
il composera notamment,
El Espiante, Araca la cana, Vida mia...

Son style, qui en influencera plus d'un, était caractérisé par le romantisme et la délicatesse des créations et  interprétations. De grandes lignes mélodique, un côté orchestral très présent, la présence de percussions, de harpe et parfois de vibraphone, c'est une ouverture pour les compositeurs qui s'en sont inspirés.

En 1936, fusionnant son Association d'Auteurs et compositeurs de Musique, avec le Syndicat de Défense des Droits d'Auteurs de Francisco Canaro, il participe à la création de la SADAIC, l'équivalent de notre SACEM.

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Roberto Firpo

histoire du tango roberto firpo

Roberto Firpo (Las Flores 10/05/1884 - Buenos Aires 14/06/1969) - Pianiste, chef d'orchestre et compositeur, il introduit le romantisme dans le style du tango, et installe définitivement le piano dans l'orchestre.

Il passe son enfance dans le quartier de Corrales Viejo et, au début, il y fait plein de petits boulots. Puis il entame des cours de violon d'abord, puis de piano, grâce à Bachicha qui travaillait avec lui dans la célèbre fonderie Vasenaqui, et qui lui présente un professeur réputé, Bevilacqua.

Dès 1907, à 23 ans, il commence à composer. La consécration arrive en 1913, lors d'un concours organisé au cabaret Armenonville (voir chapitre "L'influence sur le style du passage à Paris et retour en Argentine"). Malgré la concurrence de Juan Maglio « Pacho » et de Genaro, il gagne ce qui lui vaudra d'être hospitalisé : un concurrent malheureux l'a... poignardé ! C'est dans ce cabaret, qu'il composera son meilleur tango : Alma de Bohemio.

Roberto Firpo fait un jour, une rencontre décisive dans un café de Montevido, la Giralda. Il s'agit d'un certain Matos Rodríguez, qui a écrit une marche de carnaval à l'usage d'étudiants en médecine. Firpo en voit immédiatement le potentiel, et la réécrit en tango, le succès est phénoménal et dure encore : il s'agit de La Cumparsita !

Après une période de dix ans de succès, entre 1920 et 1930, il songe à se reconvertir : c'est un échec. Il revient au monde de la musique en 1933, en jouant El Amanecer dans le film Dancing, second film sonore, sorti juste après et réalisé dans le même studio et le même réalisateur, que le célèbre ¡Tango! ,  film pour lequel il participa à l'écriture de la musique.

           

En 1936, il fonde un Cuarteto, en plus de son Orquesta Tipica et quitte la scène en 1959. Nombre de ses compositions sont restées célèbres : Didi, Fuegos artificiales, Alma de bohemio, De pura cepa, El Amanecer, El rápido, Montevideo, Milonga orillera, Sentimiento criollo, Honda tristeza, El apronte. C'est environ 1000 enregistrements (voire plus...) qu'il réalisa, et il fut le premier à orchestrer en 1921, la valse Desde de Alma, de Rosita Melo composée vers 1911. Ecoutons sa version de 1947 :

Roberto Firpo se caractérise par deux aspects de son œuvre : la prééminence du piano, et celle du rythme. Un régal.

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Francisco Canaro

histoire du tango francisco canaro

Francisco Canaro (26/11/1888 à San José de Mayo, Uruguay - Buenos Aires 14/12/1964), naturalisé argentin en 1940 à 52 ans - Violoniste, chef d'orchestre et compositeur, pendant 50 ans de carrière il composa près de 250 titres et enregistrera entre 3900 et 4000 tangos, valses et milongas.

En 1898, il était à peine né, son père s'installe dans un conventillo à Buenos Aires. tr-s doué pour la musique, il débute comme professionnel en 1906, à peine âgé de 18 ans, dans un trio à Rancho, province de Buenos Aires.

En 1908, il joue à La Boca et commence à composer. Sa première œuvre, la "Barra Fuerte" nous est restée, et il l'enregistra en 1956, soit presque un demi-siècle plus tard, sous le label Odeon. En 1912, il commence à être célèbre avec deux tangos : "Pinta Brava" et "Matasanos". Ce dernier avait été écrit à la demande des étudiants en médecine, une sorte d'autodérision : Matasanos était le surnom donné aux médecins, ces "tueurs de bien-portants"...

En 1917, Canaro installe définitivement la contrebasse dans l'orchestre de tango. Pour ce faire il incorpore a à son orchestre, "El negro Thompson". Celui-ci mit au premier plan rythmique une version simplifiée de la habanera, croche-croche noire, très probablement principale origine du style de danse Canyengue (qui ne fut pas le style des tout premiers tangos...).

En 1920 il créée la "Sociedad Argentina de Autores y Compositores" une des deux composantes de l'actuelle SADAIC, la société des droits d'auteurs argentins. En 1924, il est un des tout premiers à incorporer un chanteur dans l'orchestre. Il est devenu tellement célèbre qu'en 1921, il organise un concert avec pas moins de 32 musiciens ! En 1937 il crée un orchestre uniquement à des fins d'enregistrement, le Quinteto Pirincho. En fin de carrière, il fit une grande tournée au Japon, en 1960, avec la création ou l'exécution de morceaux originaux comme la "Cadena de Tango" ou "Canaro en Japon".

Canaro évolua durant toute sa carrière en termes de style. Le Canaro des années 20 est très différent de celui des années 35 et suivantes. On peut néanmoins retenir deux constantes : faisant passer le tango du 2/4 au 4/4, il le ralentit, changeant également le style de danse. Corrélativement il ralentit également ses valses, reprenant parfois des thèmes européens tels que, en 1936, la valse "Très Jolie" du compositeur strasbourgeois Émile Waldteufel. Par contre ses milongas sont généralement plutôt très rapides.

Parmi ses compositions les plus célèbres, on peut citer “El chamuyo”, “El pollito”, “Charamusca”, “Mano brava”, “Nobleza de arrabal (Caruso)”, “La tablada”, “Destellos”, “El opio”, “Sentimiento gaucho”, “La última copa”, “Madreselva”, “Déjame no quiero verte más”, “Envidia”, “Se dice de mí”, “La brisa”, “Madreselva” y “El Tigre Millán”.

En 1956 il publie ses mémoires "Mis 50 años con el tango", reprises en 58 sous le titre "Mis Memorias, mis bodas de oro con el tango" (traduites en français, 340 pages incontournables).

Atteint de la Maladie de Paget, forme de dégénérescence osseuse, il meurt le 14 novembre 1964, laissant un héritage musical qui nous enchante encore aujourd'hui. Chez tous les passionnés de tango il restera sous le surnom d' "El pirincho", (oiseau typique d'Uruguay et de l'Argentine, sorte de perruche un peu ébouriffée) surnom que lui aurait donné à sa naissance sa nourrice, surnom affectueux, inutile de le préciser.

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Juan Carlos Cobián

histoire du tango juan carlos cobian

Juan Carlos Cobián (Pigüé 31/05/1896 - Buenos Aires 10/12/1953) - Pianiste, chef d'orchestre et compositeur, il fut le premier à faire du tango une musique de concert. Dans sa lignée on trouvera de nombreux novateurs, tels que De Caro, Troïlo, et jusqu'à Salgán et Piazzolla.

A 22 ans il a déjà joué dans les orchestres de Genaro Espósito, puis d'Eduardo Arolas. Il part pour un service militaire mouvementé durant une année qu'il passera, pour la plus grande partie en prison. Il s'en inspira pour écrire son tango "A pan y agua".

Retour à une vie civile axée sur le plaisir, l'alcool et les femmes, il travaille néanmoins et, en 1922, il rejoint l'orchestre d'Osvaldo Fresedo. Celui-ci parti au bout de quelques mois, il crée son propre sextet avec Pedro Maffia et Luis Petrucelli (bandonéons), Julio De Caro et Agesilao Ferrazzano (violons), Humberto Constanzo (contrebasse), et lui-même au piano.

Coup de folie, un an plus tard, il arrête tout, court après une fille et la suit aux Etats-Unis. Il y survit en jouant alternativement du jazz et du tango jusqu'en 1928. De retour en Argentine, il enregistre avec Francisco Fiorentino. Dernière formation de tango en 1936, il jouera avec  Cayetano Puglisi et Claudio Cassano (violons), Ciriaco Ortiz et Juan Miguel Rodríguez (bandonéons), Valentín Andreotta (contrebasse) et le chanteur Antonio Rodríguez Lesende.

Il laissera à la postérité de nombreux tangos, dont "Los mareados", "Mi refugio", "Niebla del Rachielo", "Nostalgias", "La casita de mi viejos"... pour ne citer que ceux-là.

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Francisco Lomuto

histoire du tango francisco lomuto

Francisco Lomuto (Buenos Aires 24/11/1893 - Tortuguitas 23/12/1950)  Pianiste, chef d'orchestre et compositeur, il est parfois connu sous le pseudonyme de Pancho Laguna. Entre 1922 et 1950, c'est plus de 850 œuvres qu'il enregistra durant sa carrière. Il fut élu Président de la SADAIC société de protection des droits d'auteurs argentine, lors de sa création en 1936.

Fils d'immigrés italiens, toute la famille est musicienne : le père est violoniste, la mère, pianiste, trois de ses frères sont également musiciens. Lui choisira le piano. Manquant de connaissances de base, il demande à un ami, Francisco Canaro de jouer les utilités de temps à autre dans son orchestre. C'est là qu'il apprendra vraiment. Il complètera sa formation en jouant, notamment avec Manuel Pizzaro, sur un navire de croisière, le Cap Polonio (dont le nom deviendra celui d'un tango), reliant l'Argentine et le Brésil. C'est sur ce bateau qu'il écrira Tierra del Fuego, que Carlos Gardel enregistrera en 1923. Notons qu'à cette époque, lui comme les autres, mélangeaient parfois jazz et tango.

Il fonde son premier orchestre en 1923. Abandonnant peu à peu le piano au profit de la création, il composera un an plus tard Pa’que te acordés et remporte le deuxième prix du premier concours de tango de la firme Max Glücksmann, derrière Sentimiento gaucho de Francisco Canaro. Il continue à flirte avec le jazz, et enregistre quelques shimmys, pour revenir de façon exclusive au tango à partir des années 30. Carlos Gardel enregistra certaines de ses compositions, Nunca más, Cachadora, En la tranquera (Ranchera), Si soy asi, et sera en outre un des musiciens habitués du Teatro Colón.

Son style était très traditionnel et classique, privilégiant la mélodie par rapport au rythme. Il nous laissera, entre-autres, Sombras… Nada más !, Callecita de mi novia, El día que te fuiste, Mala suerte, Negro lindo...

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Julio de Caro  (dans la lignée de Juan Carlos Cobian)

histoire du tango julio de caro

Julio de Caro (Buenos Aires 11/12/1889 - Mar del Plata 11/03/1980)  Violoniste, chef d'orchestre, compositeur révolutionnaire, c'est lui qui créa le courant baptisé "Gardia Nueva" et qui influença nombre de compositeurs, de Pugliese à Julian Plaza, en passant par Alfredo Gobbi, Astor Piazzolla, Horacio Salgán, et bien d'autres...

Née d'une famille d'origine italienne, d'un père éminent musicien de la Scala de Milan, et d'une mère chanteuse professionnelle, il étudie la musique classique et sa théorie de façon approfondie, et se forme auprès des plus grands musiciens de tout genre, de l'époque.

A 16 ans il joue en cachette de son père dans un orchestre de Zarzuela, et les problèmes commencent quand, un peu plus tard, Firpo lui fait jouer, avec succès La Cumparsita au Palais de Glace. En 1917, Eduardo Arolas lui propose de rentrer dans son orchestre, le père refuse et devant l'obstination de son fils, le chasse de chez lui. Leur séparation va durer 20 ans...

Après une période dans l'orchestre d'Arolas, un séjour à Montevideo, et une tournée dans la province de Buenos Aires, il quitte Arolas en 1919, et fonde son premier quartet. Celui-ci dure peu et de Caro intègre l'orchestre d'Osvaldo Fresedo. Il le quitte en 1922 pour celui de Minotto Di Cicco, qu'il quitte à son tour pour intégrer celui de Juan Carlos Cobián, alors célèbre.

histoire du tango violon cornetSes vrais débuts commencent en 1924, année où il fonde son sexteto avec Pedro Maffia, Luis Petrucelli et Leopoldo Thompson, l'arrivée de la contrebasse dans le tango ("El negro Thompson" fut, selon certains, à l'origine du style Canyenge, apportant le rythme percussif croche croche noire, dans les formations de De Caro et surtout de Canaro). En 1925, avec deux célèbres bandonéonistes, Pedro Maffia et Pedro Laurenz, il inaugure l'utilisation du violon-cornet, lors d'un concert au Palais de Glace. En 1926, devenu célèbre, il compose le tango Gardia Vieja pour le Président Marcelo Torcuato de Alvear un de ses admirateurs.

En 1931 Il part pour une grande tournée en Europe, la France étant son pays de prédilection. Il fait ses débuts à Nice au Palais de la Méditerranée, en présence de Charlie Chaplin et de Carlos Gardel. C'est Chaplin qui assure le succès du concert, démarré timidement, en arrivant sur la piste pour danser "El Monito". Les succès vont s'enchaîner : Monte-Carlo, Rome, Turin, Paris, partout c'est une découverte et un triomphe. Nous sommes en 1931, et Julio de Caro joue dans le film "Las luces de Buenos Aires" où il retrouve son ami Carlos Gardel. Il retourne ensuite en Argentine.

En 1932, il restructure son orchestre, y intégrant notamment, Pedro Laurenz et Anibal Troilo, tous deux au bandonéon. Lors du concours national de tango à una Park, il remporte le trophée devant les orchestres d'Edgardo Donato , Juan Pedro Castillo , Pedro Maffia, Ponzio-Bazán et Anselmo Aieta. En 1935, c'est à la tête d'un orchestre de 40 professionnels qu'il anime les fêtes du Carnaval, au théâtre Colón. Il continuera, avec succès, sa carrière jusqu'en 1954.

Le 11 décembre a été déclaré Journée Nationale du Tango car c'est à cette date, bien qu'à des années différentes, que sont nés Carlos Gardel et Julio De Caro. Ce jour-là de 1977, alors qu'il avait 78 ans et, en commémoration de la première "Journée Nationale du Tango", il reçut un hommage au Luna Park avec la participation des orchestres et des chanteurs de l'époque, et c'est plus de 15 000 personnes qui lui chantèrent un joyeux anniversaire. C'était la dernière fois qu'il montait sur scène.

Son style, très orchestral, limite classique, avec un travail mélodique et polyphonique très élaboré et avant-gardiste pour son époque, influencera nombre de musiciens, jusqu'à Troilo et Piazzolla. Julio de Caro nous laissera, entre-autres tangos, Guardia Vieja, repris près de 40 ans après sa création par Pugliese, La Rayuela, repris par Pugliese et Piazzola, et pour preuve du modernisme de ses créations, par Salamanca, par Fernández Fierro et en 2003 par l'Orquesta El Arranque.  Et bien sûr, on danse toujours sur les inoubliables Mala Junta et El Monito (tous deux repris par Color Tango avec Roberto Alvarez en 1998).

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Miguel Calo

histoire du tango miguel calo

Miguel Calo (Buenos Aires 28/10/1907 - Buenos Aires 24/05/1972) - Bandonéoniste, chef d'orchestre et compositeur, il sera à la pointe du modernisme des années 40, tout en sachant conserver l'héritage de la période précédente. On dit de lui qu'il est un de ceux qui ont le plus su concilier danse et musique très élaborée.

Gamin il s'achète un violon qu'il étudie pendant un an, puis passe au bandonéon, suivant une formation approfondie. A 18 ans, pour gagner sa vie, il travaille dans les cinémas, animant les films muets de l'époque. Enfin, en 1926, à 19 ans, il intègre plusieurs orchestres, dont celui de Fresedo.  Un an plus tard, c'est avec Francisco Pracánico qu'il joue et il commence à diriger. En 1929, après avoir tenté de créer son orchestre, il intègre celui de Cátullo Castillo et le suit en tournée en Espagne (avec Roberto Maida et les frères Malerba). À son retour en Argentine, deuxième tentative d'autonomie, mais il part finalement en tournée avec Fresedo aux États-Unis, en 1931.

De retour en Argentine il forme un autre orchestre en 1932 et enregistre pour la première fois le tango Milonga porteña. En 1934 nouvel orchestre avec la participation du chanteur Carlos Roldan. On notera en 1943 la présence dans sa formation de Enrique Mario Francini au violon, Domingo Federico et Armando Pontier au bandonéon, et Osmar Maderna au piano ; pour ne citer que les plus connus. Son succès se poursuivra jusqu'en 1961 avec son dernier orchestre, "Miguel Caló y su orquesta de las estrellas", intégrant Federico, Pontier, Francini, Berón, et Podestá.

Ecoutons Al compas del corazon, enregistré en 1942 avec Raúl Berón, et Cadia te extraño más en 1943 avec Raúl Iriarte :

            

Ayant réussi à créer dans ses créations et interprétations un équilibre quasi parfait entre musicalité et dansabilité, il nous a laissé, notamment, Milonga porteña, et pas moins de 1623 enregistrements dont de nombreux avec ces quatres chanteurs de talent : Carlos Roldan, Raúl Berón, Raúl Iriarte et Alberto Podesta.

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Pedro Láurenz

histoire du tango pedro laurenz

Pedro Láurenz (Buenos Aires, 10/10/1902 - Buenos Aires, 7/7/1972) - Bandonéoniste, chef d'Orchestre et compositeur, il marquera son époque par son style très fort en émotion, l'attaque des notes, la puissance, l'éclat du son.

A quinze ans il apprend le bandonéon, et joue dans quelques orchestres avant d'intégrer celui d'Eduardo Arolas qui jouait au Moulin Rouge de Montevideo. En 1920, âgé de 18 ans, il revient à Buenos Aires et intègre la formation du pianiste Roberto Goyeneche, un homonyme du célèbre chanteur.

En 1925 il est engagé dans le sextet de Julio De Caro dont le premier bandonéoniste est Pedro Maffia. Il enregistre avec lui un disque de duos de bandonéons d'anthologie. Après le départ de Maffia, Láurenz devient premier bandonéon et le restera pendant 10 ans. Il voyagera en France avec De Caro, notamment à Nice (voir l'épisode avec Charlie Chaplin), et jouera dans le film Luces de Buenos Aires où Carlos Gardel chante Tomo y obligo accompagné par De Caro au violon et Láurenz au bandonéon.

En 1932, Anibal Troilo rejoindra l'orchestre comme bandonéoniste et jouera ainsi aux cotés de Pedro Láurenz. Deux ans plus tard, après avoir jouer un peu avec la Tipica Victor, il vole de ses propres ailes et fonde son orchestre où viendront ensuite le rejoindre Pugliese au piano et Alfredo Gobbi au violon. Il restera à la tête de son orchestre jusqu'en 1953, jouant entretemps avec Los cinco Ases. Enfin en 1960 il rejoint le Quinteto Real en tant que soliste et fera trois voyages au Japon.

Láurenz jouait du bandonéon dans un style appelé cadenero , en référence au cheval placé dans une charrette devant les autres pour marquer le pas du groupe" (d'après Wikipedia). Son phrasé était brillant, son marquage rythmique d'une grande qualité : Troilo et Piazzolla y faisaient référence. On dit que Láurenz marque le début de la Epoca de oro. Il nous laissera de nombreux enregistrements de qualité et des compositions célèbres comme Mala junta, Berretin et Amurado.

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Pedro Maffia

histoire du tango pedro maffia

Pedro Maffia (Buenos Aires, 28/08/1899 - Buenos Aires, 16/10/1967) - Bandonéoniste, chef d'orchestre, et compositeur. Il sera le premier professeur de bandonéon au conservatoire Manuel de Falla, à Buenos Aires, où fut créé la première chaire d'enseignement de ce type.

Fils d'immigré italien "El pibe de Flores", tel qu'on l'appela très vite dans le milieu musical. Il prit des cours de bandonéon dès l'âge de onze ans, et compose son premier tango Cornetin à l'âge de quinze ans. Il fréquente les bars de Corrientes, fugue de chez lui pour travailler "à la gorra" ("au chapeau") et son père doit appeler la police pour le ramener chez lui.

Ses vrais débuts commencent lorsque qu'un guitariste du duo Gardel-Razzano, un dénommé Jose Ricardo, l'entend jouer dans un bar de Punta Alta, petite ville su sud, aux portes de la Patagonie. Il le présente à Roberto Firpo qui l'intègre à son orchestre. Pedro abandonne vite cet orchestre pour rejoindre celui de Julio de Caro, qu'il quitte à son tour.

En 1923, il crée sa propre formation avec Ignacio Corsini, et s'installe au Théâtre Colon. Osvaldo Pugliese vient en 1926, consolider le groupe, en tant que pianiste. Il avait une technique de bandonéon très particulière, limitant l'extension du soufflet, et fut le premier à en jouer "a capella". Son succès diminua au milieu des années trente avec l'arrivée des grands orchestres à dix musiciens et plus, le son et le style de Pedro Maffia, plus feutré et plus subtil ne pouvant s'y adapter. Il participa en tant que protagoniste au film mythique ¡Tango! en 1933 aux côtés de Juan d'Arienzo, Edgardo Donato, Juan de Dios Filiberto et Osvaldo Fresedo, et nous laissa de nombreux tangos dont les célèbres : Amurado, Ventarrón, Taconeando, La Mariposa, etc...

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Juan de Dios Filiberto

histoire du tango juan de dios filiberto

Juan de Dios Filiberto (Buenos Aires la Boca, 08/03/1885 - Buenos Aires, 11/11/1964) - Baptisé "El Mozart de la Boca", violoniste Chef d'orchestre et compositeur.

Fils d'immigrés italiens, des Génois, il quitte l'école à neuf ans, et travaille comme docker à la Boca, et tourneur dans un chantier naval. Il rejoint le Teatro Colón... comme machiniste, mais son intérêt pour la musique grandit et il décide de l'étudier, entrant au Conservatoire à 24 ans.

De santé fragile il part s'installer à Mendoza.  En 1932, il fonde son propre orchestre, l'Orquesta Porteña, et l'année suivante il apparait dans le film ¡Tango! premier film sonore du cinéma Argentin.

En 1936, il fut un des membres fondateurs de la SADAIC. Et en 1938, il fut nommé directeur du nouvel Orquesta Popular Municipal de Arte Folklórico, financé par la ville de Buenos Aires, et le dirigea jusqu'à sa mort.

Il enregistra 24 disques pour le label Odeón, et quelques autres pour RCA Victor. Parmi ses compositions la plus célèbre est sans conteste Caminito , avec des paroles de Gabino Coria Peñaloza, Malevaje, avec des paroles d' Enrique Santos Discépolo , est un des plus aboutis. El pañuelito, Quejas de bandoneón et Clavel del aire sont également très connus.

       

Sa Milonga para una muerte, en honneur de Eva Perón, est toujours une référence (ses opinions politiques lui valurent pas mal d'ennuis), et les musicologues notent aussi parmi ses compositions, diverses Marches, Rancheras, Polcas et Masurkas.

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Alfredo Marcucci

histoire du tango pedro maffia

Alfredo Marcucci (Ensenada, Argentine 14/09/1929 / 12/06/2010 - Bruxelles, Belgique) - Bandonéoniste, chef d'orchestre, et arrangeur. Il sera un professeur remarquable consacré en Europe, formant en Belgique le célèbre Carel Kraayenhof , enseignant à Toulouse, et intervenant cinq fois d'affilée au Festival de Tarbes.

Neveu d'un célèbre bandonéoniste et professeur, Carlos Marcucci, Alfredo s'initie avec lui à la pratique de cet instrument. Il devient ainsi membre de l'orchestre de son oncle en 1943, à l'âge de 14 ans !

Il jouera également dans les orchestres d'Eduardo Bianco, Julio de Caro et Juan Canaro, entre-autres, et enregistra avec Alfredo Gobbi. En 1949, il part en Italie, puis en Turquie, au Liban, et en Egypte. Le tango y est alors très populaire. (Voir la propagation du tango en Europe et dans le reste du monde). A Istanbul il rencontrera le groupe paraguayen Los Paraguayos, avec qui il effectuera diverses tournées mondiales.

Eternel indépendant, il refusera de nombreuses propositions, dont celle d'Horacio Salgán. En 1956 il rejoint néanmoins l'orchestre de Di Sarli, avec qui il enregistrera notamment "El abrojo", "Champagne tango" et "Bahia Blanca". Mais il reprend sa liberté, et joue du bandonéon, de la guitare, de la guitare basse, des maracas et même se met à chanter sur des thèmes populaires sud-américains comme, "La cucaracha", El cóndor pasa", "Quisas quisas" ou "La bamba"... En 1976, il arrête sa carrière musicale, se réfugie dans un emploi comme ouvrier dans une usine de plastique... et reprend du service en 1985 comme musicien avec divers orchestres, et surtout comme enseignant, en Belgique et en France. Il est resté dans l'histoire du tango comme un grand musicien et également comme un grand personnage.

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Juan d'Arienzo

histoire du tango juan d'arienzo

Juan d'Arienzo (Buenos Aires 14/12/1900 - Buenos Aires, 14/01/1976) - Violoniste, chef d'orchestre, et compositeur. Il sera baptisé et reconnu comme "El Rey del compas", ayant redonné aux danseurs, par un retour au rythme et à la pulsion du 2/4 d'origine, une dynamique quelque peu oubliée.

Juan d'Arienzo est un cas à part dans l'histoire des grands musiciens. Issu d'une famille aisée, il fait parallèlement des études supérieures pour pouvoir reprendre l'affaire familiale, et dès l'âge de douze ans, des études musicales.

Il commence en formant un trio, Ases del Tango, avec Angel d'Agostino et Ernesto Biaggi. Carlos Posadas l'intègre un peu plus tard dans l'orchestre du théâtre Avenida. A 20 ans, c'est au Teatro Nacional qu'il participe à un spectacle, "El Cabaret Montmartre".

Après de petites prestations de droite de gauche, y compris dans l'animation sonore au cinéma, et le jazz, il intègre "La Orquesta Típica Paramount".

En 1928, il crée son propre orchestre, avec notamment Ciriaco Ortiz au bandonéon, lui-même au violon, et Carlos Roldan comme chanteur. Il décide tardivement, à 35 ans, de ne plus faire que de la musique, mais le succès est long à venir. C'est Biaggi qui va lui donner l'idée d'un style totalement nouveau : revenir au traditionnel 2/4, mais avec des arrangements modernes. Le tango allait retrouver jeunesse et dynamisme. Outre ce retour au 2/4, d'Arienzo replaça le chanteur, non pas comme "devant" l'orchestre, mais comme un simple instrument de plus dans celui-ci... avec parfois quelques exceptions. Dans cet orchestre revisité, d'Arienzo mit en avant le rôle du piano, pour lui fondamental. Si les critiques musicales n'épargnent guère d'Arienzo, trouvant son approche et son style trop "rustiques", les danseurs ont adoré et adorent encore, et nul doute que sans cette petite révolution qu'il fit dans le tango, la période des fabuleuses années 40, n'aurait pas été ce qu'elle fut et restera dans l'histoire.

Ayant peur de prendre l'avion, d'Arienzo n'a pas quitté l'Argentine et l'Uruguay. Son succès phénoménal fut le produit d'un nombre impressionnant d'enregistrements (un peu plus de 1000) et à sa participation à plusieurs films importants. Le premier d'entre-eux, qui est resté dans l'histoire, fut ¡Tango! en 1933. D'autres allaient suivre : Melodias Porteñas(1939), Yo Quiero ser Bataclana(1941), La Cumparsita (1961), ou des passages restés célèbres à la télévision dont celui avec Mercedes Serrano.

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On remarquera en début de ce clip, la présence d'Armando Laborde et la mise en valeur d'Alberto Echagüe. Mercedes Serrano était une amie chilienne, invitée pour la circonstance. Mais la fin de cette petite séquence vidéo illustre ce qui restera un des plus grand succès de d'Arienzo : La Cumparsita ; pas moins de sept versions enregistrées entre  1928 et 1963.

Au début des années 40, vers 1942, d'Arienzo, comme les autres, ralentit un peu son rythme et s'attache d'avantage à la mélodie. Notons à cette période, la présence de Fulvio Salamanca au piano, d'Hector Varela au bandonéon, et la participation du chanteur Hector Mauré.  D'ailleurs, à partir de 1957, d'Arienzo va redonner une place nettement plus importante aux chanteurs, mais c'est aussi à partir de cette date que les danseurs l'aiment nettement moins. D'ailleurs au même moment, le tango commence à cesser d'être populaire en Argentine, subissant la nouvelle musique importée d'Amérique, le Rock'n Roll.

Enormément d'enregistrements, dont de nombreux d'anthologie, mais peu de compositions de sa part. On notera toutefois "Nada más" et "Paciencia", morceau que l'on a pu écouter dans la vidéo juste au-dessus, à droite avec la chanteuse Mercedes Cerrano, ces deux compositions restant toujours des incontournables des milongas, pour les amateurs de tango d'aujourd'hui.

Cliquez sur l'image pour agrandir et faire apparaitre une loupe

Sur la photo ci-dessus, et puisé parmi la collection de Cds de l'auteur, Dominique Lescarret, on peut voir l'hommage fait par Sony à Juan d'Arienzo : 15 Cds du label RCA allant de 1935 à 1975, une véritable référence historique...

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Ricardo Tanturi

histoire du tango ricardo tanturi

Ricardo Tanturi (27/06/1905 Buenos Aires - 24/01/1973 Buenos Aires) - Pianiste, chef d'orchestre, et compositeur. Ni novateur, ni même grand compositeur, il sera reconnu au fil du temps comme un excellent chef d'orchestre à la tête d'une grande formation pendant plusieurs décennies, et de plus en plus, il est particulièrement apprécié des danseurs d'aujourd'hui.

Fils d'immigrés italiens, il commence par le violon, pour finalement se diriger vers le piano. Il commence réellement sa carrière en 1924, âgé seulement de 19 ans. Comme les autres, il joue de droite et de gauche, et participe avec son frère, à la Loy Radio Nacional, ancêtre de Radio Belgrano. Comme beaucoup d'autres à cette époque il joue également du jazz, pratiquant à l'Université. A noter qu'il y aurait particulièrement réussi ses études de médecine... Il aurait même continué à pratiqué, parallèlement à sa carrière musicale, comme médecin à la Direction Générale des Postes et Télécommunications.
Alberto Castillo, lui, était un gynécologue dûment diplômé...

Au début des années 30, il fonde son premier orchestre, Los Indios (nom d'une équipe de polo), et joue à BA (Hôtel Alvera Palace) et à Montevideo (Hôtel Carrasco). Il enregistre pour la première fois avec le label Odeon en 1937.

En 1940 arrive un chanteur dont le nom va rester associé à celui de Tanturi, Alberto Castillo. Un peu gouailleur, un peu faubourien, utilisant le lunfardo, Castillo plait au public et au danseurs, nettement moins à la gentry. Tanturi s'en sépare... Castillo serait parti de lui-même pour entamer une carrière solo ? Ricardo Tanturi réussit alors un tour de force : remplacer un chanteur populaire, par un autre tout aussi populaire sinon plus : Enrique Campos. Leur association ne durera que trois ans, mais restera elle-aussi dans l'histoire. Ce qui caractérisera le style de Tanturi : dynamisme de la phrase musicale et accord parfait orchestre-chanteur. Il nous a laissé très peu de compositions, mais toute une série d'enregistrements exceptionnels.

El Sueño del pibe, enregistré avec Enrique Campos en 1945, raconte l'histoire d'un jeune garçon qui rêve de devenir une étoile du football et qui vient de recevoir la convocation d'un club pour y passer un test... Evocation populaire de Boca Juniors ?

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Edgardo Donato

histoire du tango edgardo donato

Edgardo Donato (14/04/1897 Buenos Aires - 15/02/1963 Buenos Aires) - Violoniste, chef d'orchestre, et compositeur. Il ne sera pas un révolutionnaire du tango, mais la richesse de sa musique et la qualité de ses compositions l'on fait entrer dans la catégorie des musiciens préférés par les danseurs de tango.

Né d'une famille d'origine italienne, ses parents déménagent rapidement à Montevideo, en 1899 ; il n'avait que deux ans. Son père dirigeait un petit orchestre de musique classique, et deux de ses frères étaient musiciens : il entrepris des études au Conservatorio Franz Liszt.

Après avoir travaillé à l'Opera avec son père, il intègre un jour la formation Negro Quevado, dont le pianiste était Enrique Delfino. Mais il débute vraiment comme professionnel en 1918, à 21 ans, comme violoniste de jazz dans la formation de Carlos Warren. Il joua aussi, à la même époque, avec Enrique Delfino, sans doute du jazz et du tango...

En 1927 il monte un groupe avec un autre violoniste, l'Orquesta Típica criolla Donato-Zerrillo. Ils restent pendant un an à Montevideo puis partent à Buenos Aires, au célèbre cinéma Select Lavalle. Le groupe va ainsi tourner jusqu'en 1930. Donato enregistre alors avec le label Brunswick, puis deux ans plus tard chez RCA Victor. Il effectuera plus de 400 enregistrements.

En 1933, il fait partie du film ¡Tango! où on le voit diriger son orchestre, interprétant "Despues del carnaval" ou "Alas Rotas" suivant les commentateurs.

       

Un an plus tard, il compose la musique du film "Riachuelo", avec Orsi. Petite anecdote : c'est l'orchestre de Donato qui y joue le thème "Berretin"... pendant qu'un orchestre de femmes fait semblant de jouer... féministes ne tirez pas sur le pianiste !

Il nous laissera l'incontournable "A media luz" et d'autres titres célèbres comme "TBC" et "Pensalo bien", "Triquitra" et "Mi serenata" chantés par Lita Morales, sans oublier le titre qui fait miauler les danseurs, "Gato", ou encore "El huracán" et la valse "Madraselva" tous deux composés avec son frère Osvaldo.

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Angel d'Agostino

histoire du tango angel d'agostino

Angel d'Agostino (25/05/1900 Buenos Aires - 16/01/1991 Buenos Aires) - Pianiste, chef d'orchestre et compositeur.

Il est issu d'une famille de musiciens et intègre très jeune le conservatoire de piano, et dès onze ans il joue dans un petit orchestre d'enfant. Juan d'Arienzo, tout jeune lui aussi en faisait partie. En 1920, il forme son propre orchestre et est engagé au Palais de Glace, où il joue du jazz et du tango. Toujours avec Juan d 'Arienzo, il forme en 1934, un orchestre spécifiquement dédié au tango. Le chanteur du groupe est Alberto Echagüe. Il compose ses premiers tangos, Enrique Cadicamo en écrit les paroles.

Le tournant de sa carrière survient en 1940 lorsqu'il intègre le chanteur Angel Vargas "El Ruiseñor de Buenos Aires"(le Rossignol de Buenos Aires). Leur collaboration ne va durer que six ans, mais ce fut suffisant pour rentrer dans l'histoire, quatre-vingt seize titres ayant été enregistrés chez le label RCA Victor, et de nombreux passages ayant eu lieu sur Radio del Mundo!

histoire du tango le duo des angesA partir de 1947, plusieurs chanteurs vont se succéder dans l'orchestre d'Angel d'Agostino : Tino Garcia, Ruben Cané, Ricardo Ruiz, Roberto Alvar et Raül Lavié. Un enregistrement est à noter : "Cascabelito" avec Ricardo Ruiz. Mais c'est le "Duo des Anges",  "Los dos Angeles del tango", Angel d'Agostino - Angel Vargas, qui resta principalement dans l'histoire. En 1976 d'Agostino participa au tournage du film "El canto cuenta su historia".

Le style de d'Agostino plait particulièrement aux danseurs : rythme simplicité, paroles des chanteurs compréhensibles, plaisir de danser. Tout reflétait le personnage : bon vivant, noceur, joueur, séducteur... Une particularité unique : alors que la majorité de ses enregistrements sont des tangos chantés, l'équilibre parfait entre la partie vocale et l'orchestre permet de suivre rythme et mélodie sans perturber la danse.

  

Parmi les plus célèbres de ses compositions, on retiendra "Tres Esquinas" à écouter juste au-dessus chanté par Angel Vargas, "Café Dominguez" con un recitado de Julian Centeya, "Mi Viejo Buenos Aires", et la milonga "El Morocho y el Oriental".

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Alfredo de Angelis

histoire du tango alfredo de angelis

Alfredo de Angelis (02/11/1910 Adrogué (Argentine) - 31/03/1992 Buenos Aires) - Pianiste, chef d'orchestre et compositeur.

Fils de violoniste, il commence la musique très tôt, étudiant d'abord le bandonéon dont il joue tout gamin dans les cinémas de quartier, puis à 18 ans se consacre définitivement au piano. Deux ans plus tard il intègre l'orchestre d'Anselmo Aieta dont le violoniste n'est autre que d'Arienzo, débutant lui-aussi. Après divers passages dans d'autres formation, il fonde en 1941 son propre orchestre. Le succès arrive très vite, d'autant qu'il passe sur les deux radios célèbres, Radio Splendid et surtout Radio El Mundo, passant tous les jours dans l'émission Glostora Tango Club, "La cita obligada de la juventud triunfadora", " le rendez-vous incontournable de la jeunesse qui réussit".

Parallèlement il enregistra avec le label Odeon, collaboration qui durera pendant... 44 ans, de 1933 à 1977, ayant gravés pas moins de 500 titres. Le style d'Alfredo de Angelis est simple mais très soigné et apprécié des danseurs.

Le style d'Alfredo de Angelis est simple mais très soigné et apprécié des danseurs. De plus il a toujours su s'entourer d'excellents chanteurs : Floreal Ruiz , Carlos Dante , Julio Martel , Oscar Larroca , Juan Carlos Godoy , Roberto Florio , Roberto Mancini , Lalo Martel , entre autres. Une autre particularité : des duos de chanteurs, Dante-Larrocaet Dante-Martel parfaitement réussis. Et pour les enregistrements instrumentaux, celui  de "Pavadita", de Anselmo Aieta, reste aujourd'hui une référence, et parmi une quarantaine de compositions, "Pregonera" est la plus célèbre, et "Remolino" est toujours très appréciée.

A noter des enregistrements réalisés en play-back avec la voix de Carlos Gardel.

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Carlos di Sarli

histoire du tango carlos di sarli

Carlos di Sarli "El señor del Tango" (17/01/1903 Bahia Blanca - 12/01/1960 Olivos, province de Buenos Aires) - Pianiste, chef d'orchestre et compositeur.

Fils d'une famille d'origine italienne, comme trois autres de ses frères, il sont huit enfants dans la famille, il s'oriente vers la musique. Sa formation initiale est des plus classiques : Liszt, Chopin, Schubert, etc... Son père était ténor.

Malgré une carrière prédestinée, il s'oriente dès 13 ans vers la musique populaire et le tango. Comme tous les autres il joue dans les cinémas accompagnant les films muets. Mais à 16 ans à peine, il forme son premier orchestre, joue dans les cafés de Bahia Blanca et compose son premier tango, "Meditacion". Trois ans plus tard, avec son frère, il part pour Buenos Aires.

En 1926, il rencontre Osvaldo Fresedo qui l'intègre dans sa formation. Il vient d'avoir 23 ans. Durant leur brève collaboration, Di Sarli compose le célèbre "Milonguero viejo" que, par amitié, il sous-titre "Fresedo".

En 1927 il forme son premier sexteto, et en 1928 il signe chez RCA Victor et débute à la radio. En 1930, le propriétaire du café germinal lui reproche de toujours porter des lunettes noires. L'altercation est violente et Calos di Sarli claque la porte et repart vers Bahia Blanca. En fait ses lunettes servaient à cacher une vilaine blessure survenue quand il était adolescent.

En 1932, Carlos di Sarli quitte son orchestre et s'installe à Rosario. En 1939, avec une nouvelle formation, il débute à Radio El Mundo. Dernière formation en 1958 qu'il dirigera jusqu'à sa mort deux ans plus tard.

Le style de Di Sarli était unique. Excellent pianiste avec un travail de la main gauche original il mettait en valeur le travail des violons tout en préservant l'équilibre de l'orchestre. Il nous a laissé de nombreux tangos, et parmi ses 24 compositions on notera, les titres de : Verdemar, Porteño y bailarín, Nino gaucho, Milonguero viejo et l'incontournable Bahia Blanca.

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Lucio Demare

histoire du tango lucio demare

Lucio Demare (09/08/1906 Buenos Aires - 06/03/1974 Buenos Aires) - Pianiste, chef d'orchestre et compositeur.

Son père, violoniste, lui fait apprendre la musique et le piano dès l'âge de six ans, et très vite il rentre au conservatoire. Dès huit ans il anime les film muets dans les salles de cinéma. A seize ans il découvre le jazz et intègre l'orchestre Real Jazz. Pas encore de tango, mais il compose Foxtrots et Paso Dobles. Adolfo Carabelli impressionné par son jeu le fait venir au cabaret El Tabarís, où âgé de moins de 18 ans, il n'avait normalement pas le droit de jouer... C'est là qu'il commence à s'intéresser de plus près au tango et c'est à cette époque qu'il rencontre Francisco Canaro.

Canaro décide de l'emmener à Paris pour jouer avec ses deux frères Raphael et Juan Canaro. Un an plus tard, en 1927, Lucio Demare se sépare de Canaro et forme un groupe avec les chanteurs Irusta et Fugazot. C'est à Paris qu'il rencontre Carlos Gardel et écrit le tango Mañanitas de Montmartre.

histoire du tango demare bolecheLe trio Demare-Irusta-Fugazot  fait ses débuts en Espagne, avec beaucoup de succès, au Teatro Maravillas de Madrid. Après trois mois de représentations particulièrement réussies, le trio incorpore le frère de Lucio Demare, Luca, un bandéoniste, quelques autres musiciens et forme l'Orquesta Tipica Argentina. ils partent pour une longue tournée en Amérique, mais le succès n'est pas au rendez-vous.

En 1933, le trio revient en Espagne et tourne dans deux films, dont Boliche où tous trois tiennent les rôles principaux. De retour en Argentine en 1935, Demare rejoint, comme pianiste, l'orchestre de Canaro. Il forme deux ans plus tard son propre orchestre et commence à enregistrer en1938 avec la firme Odeon. En 1940 Ils passent régulièrement à Radio del Mundo. Il poursuivra sa carrière de musicien jusqu'en 1967.

Parmi ses compositions, outre Mañanitas de Montmartre avec son magnifique solo de piano, les danseurs se régalent toujours avec Mañana Zarpa un Barco, que l'on peut écouter ci-dessus. On retiendra de Lucio Demare, outre ses nombreuses participation à la musicalisation de films, des interprétations toutes teintées de poésie, de délicatesse soulignées par une ligne mélodique subtile  et une harmonie entre solistes, orchestres et chanteurs.

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Anibal Troilo

histoire du tango anibal troilo

Aníbal Troilo (11/07/1914 Buenos Aires - 18/05/1975 Buenos Aires)
surnommé affectueusement Pichuco par son père, ou El Gordo - bandonéoniste, compositeur et chef d'orchestre.

Fils de parents italiens, comme tant d'autres, Troilo reçoit son premier bandonéon à l'âge de 10 ans. il va jouer avec quasiment pendant toute sa carrière... C'est dans un bar, près du marché d'Abasto, que Troilo, Pichuco, donne son premier concert, un an plus tard.

A 14 ans il forme son premier quintet, mais il poursuit en même temps ses études : il suivra trois années de cours dans la prestigieuse Ecole Supérieure de Commerce Carlos Pellegrini!

En 1930, il n'a que 16 ans, il est engagé dans l'orchestre du violoniste  Elvino Vardaro, et où figurent au bandonéon à côté de lui Ciriaco Ortiz, au piano Osvaldo Pugliese et Alfredo Gobbi comme deuxième violon.

A partir de 1931, Troilo va jouer dans plusieurs orchestres, ceux de Juan Maglio Pacho, Julio de Caro, Juan d'Arienzo, Angel d'Agostino, et Juan Carlos Cobián : tous les plus grands de l'époque. Cela va durer six ans, et en 1937, Troilo fonde son propre orchestre, un sextet, avec notamment Alfredo Goñi au piano. En 1939, il effectue des enregistrements avec le label Odeon, et part pour une collaboration qui va durer dix ans avec Radio del Mundo. 1941 est un virage : d'abord Troilo quitte le label Odeon pour rejoindre RCA Victor ; ensuite, si Alfredo Goñi est toujours au piano, au bandonéon arrive un autre musicien Astor Piazzolla. Celui-ci va commencer à proposer de multiples arrangements, initiatives aussitôt tempérées par Anibal Troilo. Le style général de l'orchestre et qui fait son succès, doit rester inchangé. Epris de liberté, Piazzolla s'en ira un an plus tard...

histoire tango anibal troilo-grelaEn 1942, Troilo intègre une contrebasse à son orchestre et Alfredo Goñi est remplacé au piano par José Basso. Plusieurs chanteurs de talents se succèdent auprès de Pichuco : Francisco Fiorentino, Alberto Marino et Floreal Ruiz, puis plus tard, Edmundo Rivero, Aldo Calderón et Osvaldo Manzi. Enfin, en 1956, Roberto Goyeneche, effectuera plusieurs enregistrements remarquables avec Anibal Troilo. Cette même année Troilo enregistrera avec le guitariste Roberto Grela, qu'il avait rencontré trois ans plus tôt, en 1953.

C'est le début d'une nouvelle période d'anthologie : Troilo-Grela. Douze enregistrements furent effectués en 1955 et 1956, dix autres en 1962. Cliquez ici, ou sur la pochette de cd, à droite pour entendre quelques extraits de différents cds de référence.

En 1956, avec Roberto Goyeneche, surnommé "El Polaco', il reprend d'anciens standards des années 40, utilisant au mieux la voix de ce chanteur réputé, voix tantôt puissante, tantôt intimiste, pour créer un nouveau style, une nouvelle ambiance.

En 1968, nouveaux enregistrements avec un nouveau cuateto et la maison de disque Victor. Le style devient nettement plus orchestral. Il enregistrera onze tangos et une milonga avec cette formation.

anibal troilo - astor piazzollaEn 1970, furent enregistrés deux petits chefs-d'œuvre de sensibilité et subtilité : El Motivo de Juan Carlos Cobián, et Volver de Carlos Gardel, joués en duo par Anibal Troilo et Astor Piazzolla ! A écouter ci-dessous :

            El Motivo   

                   Volver

Ils étaient très amis, et  Piazzolla vouant une grande admiration envers Troilo, créa la Suite Troileana, en 1975 en hommage après sa mort.

Troilo a souvent été filmé, mais c'est surtout sa participation à plusieurs grands films qui est à noter : Los tres berretins 1933, El tango vuelve a Paris 1948, Mi noche triste 1952 (ci-dessous), Vida Nocturna 1955, et Buenas noches Buenos Aires 1964.

       

Troilo nous quitta en 1975,  nous laissant de nombreux enregistrements, environ 700, comprenant 250 thèmes différents. Il a composé une soixantaine de tangos, valses et milongas. On notera par ordre chronologique : Barrio de Tango, Valsesito, Garúa, Romance de barrio, Sur, Che bandoneón, la milonga La trampera, responso, La ultima curda, etc... Son style parfaitement mélodique est facilement reconnaissable, synthèse parfaite de tous les autres, et ses solos, joués à faible amplitude, également.

Le 11 juillet, date de son anniversaire a été déclaré officiellement en 2005 : Día Nacional del Bandoneón.

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Orlando Goñi

histoire du tango orlando goni

Orlando Goñi (20/01/1914 Buenos Aires - 05/02/1945 Montevideo). Pianiste et chef d'orchestre.

Après des études de musique classique, il se tourne très tôt vers le tango et débute à 13 ans dans l'orchestre d'Alfredo Calabró et, immédiatement, avec son ami d'enfance Alfredo Gobbi, puis forme un sextet pour jouer dans son quartier. Il se produit ensuite avec Miguel Caló, avec Manuel Buzón et avec Anselmo Aieta au café Nacional. Dans l'orchestre de Buzón, il rencontre Aníbal Troilo, qu'il retrouve en 1936 dans l' orchestre de Juan Carlos Cobián. En 1937, Troilo décide de constituer son propre groupe et fait appel à son ami Goñi pour en être le pianiste. Il jouera avec lui jusqu'à fin 1943.

Il forme alors son propre orchestre, mais il fit malheureusement très peu d'enregistrements. Malgré le fait qu'il n'ait pratiquement pas composé, sa réputation a traversé les décennies, son style très particulier et l'utilisation de la syncope de jazz lui ayant conféré une originalité absolument unique.

C'est Alfredo Gobbi qui lui rendit le plus bel hommage en composant le tango " A Orlando Goñi ", en 1949, et qui sera repris par Anibal Troilo en 1952, en 1965 par Pugliese et l'année suivante par Juan d'Arienzo.

La version de 1949    

à suivre en cliquant ici...    par ordre chronologique

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